Il y a des livres qui apportent du baume à l’âme, rendent les émotions plus légères, vous font rire parfois et puis verser quelques larmes.
Mais un livre est une histoire personnelle, une étincelle qui se produit et peut déclencher une vraie passion. On est tous à la recherche de ce livre qui bouleversera les piliers de notre conscience. Mais en existe-t-il un qui met tout le monde d’accord ? Un livre n’est-il pas par nature objet de scandale ou de pudeur qui justement ne peut pas satisfaire toute l’humanité ?
Une histoire de genres
Il y a ceux qui ne jurent que par le polar et d’autres que par le romantisme. Malgré tout, on peut observer des genres qui montent dans les tendances. C’est le cas du Feel Good ou de celui du conte philosophique. Difficile d’être passé à côté de l’Alchimiste de Paulo Coelho et de ta vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une de Raphaëlle Giordano.
Que dire du succès de l’amie prodigieuse d’Elena Ferrante ? De voyage au bout de la nuit de Céline ? De Modiano ?
Parfois, il suffit qu’un lecteur avoue qu’il n’aime pas cet auteur pour que certains osent enfin dire qu’ils n’aiment pas Modiano, Sartre ou Céline. Comme quoi, aucun livre n’est à l’abri d’une critique.
Le succès d’un livre n’est pas un gage de surpuissance, bien au contraire. Il y a des livres oubliés, des livres qui n’attendent que la révélation, des livres qu’on se transmet les soirs d’été au bord des torrents. Un bouquin serait-il alors marqué par les circonstances de sa lecture ? Sans doute. Voilà pourquoi le meilleur livre au monde peut créer une déception quand on s’y plonge à une certaine phase de sa vie.
Des livres qui ne vieillissent pas
Il y a des livres qui de leur temps ont secoué bien des lecteurs, fait couler beaucoup d’encre, ont été au centre des conversations. Pourtant ces livres vieillissent et ils vieillissent mal. Ils ne prennent pas des rides, ils prennent en lourdeur. Impossible de lire Sade sans s’endormir.
Ne serait-ce pas là la grandeur d’un livre, celui qui sait encore parler aux jeunes générations ! Ce serait le cas de George Sand, de Colette ou de Victor Hugo. D’autres en revanche ont pris un sacré coup de vieux, et qui d’autres finiront par mourir en disparaissant des cercles de lecture, prenant la poussière sur de vieilles étagères d’une bibliothèque oubliée.
Ce qui a plu n’a pas toujours l’assurance de continuer à plaire.
Nous ne sommes pas tous égaux face à la lecture
Il est déjà compliqué de parler du meilleur livre du monde quand un lecteur ne sait pas se décider sur son bouquin préféré. Il y a des idées reçues sur les bons et mauvais livres des écrivains. Voici une liste qui énonce les bouquins auxquels on ne pense pas et qui pourtant, méritent leur heure de gloire.
A défaut de parler du meilleur livre du monde, nous pourrions évoquer des livres qui à lire au moins une fois dans sa vie :
- La fabrique des mésanges de Laure Zehnacker
Le livre commence comme ça. Nous sommes projetés en 2089, et Betty est en pleine crise après avoir perdu son grand-père. Elle évoque le malaise qui la ronge, elle qui lui avait promis de devenir quelqu’un, d’atteindre un rêve de célébrité et qui se retrouve finalement assise derrière un bureau. A la pause de midi, elle s’assoit au parc Monceau et observe les vieux qui passent. Quand un jour, l’un de ces vieux s’assoit à côté d’elle et entame une discussion. Il dit avoir rencontré des Dieux et d’avoir reconstitué le Graal.
Recherche de soi, écriture fluide, humour, La fabrique des mésanges est vraiment à lire.
- Onze minutes de Paulo Coehlo
Dans la même veine, nous trouvons les contes philosophiques de Paulo Coelho, et je ne parle pas de l’alchimiste. Onze minutes c’est l’histoire de la découverte sexuelle féminine et de son exploration grâce à Maria, jeune Brésilienne qui s’embarque pour la Suisse. Elle qui se laisse entourlouper par un beau-parleur, va devenir finalement prostituée. On y entend ses pensées à la troisième personne du singulier.
Il s’agit d’un parcours de femme qui accepte son destin et explore l’orgasme féminin et le rapport à l’amour. Le style dessert parfaitement la situation réelle de Maria. Parce que c’est pur, sans métaphores pompeuses qui alourdissent l’histoire ou le drame, il y a une pudeur nécessaire qui nous entraine immédiatement dans l’histoire.
- Mort à crédit de Céline
Encore une fois, une idée reçue, mais Mort à crédit est une musique argotique. En lisant, on entend Paris causer. C’est les années d’avant-guerre (14-18) dans les passages irrespirables de la capitale.
Il faut s’habituer au rythme saccadé, mais une fois dans sa mélodie, on se croirait dans Paris, dans son argot vulgaire et poétique.
Céline raconte son enfance chaotique, son père violent, ses errances pour trouver sa voie professionnelle et ses masturbations profanes. Ce point de vue sur l’enfance est fascinant.
- Je suis Jeanne Hébuterne d’Olivia Elkaim
Vivre avec un artiste, surtout quand celui-ci s’appelle Modigliani, n’est pas une simple balade romantique. Alors que la première guerre fait rage, à Paris, un artiste maudit à la santé défaillante séduit une jeune étudiante en art, Jeanne Hébuterne.
C’est un journal intime qui se lit en une traite et qui n’est jamais exagéré. L’intensité, en un mot, caractérise ce livre d’amour. Parce qu’elle l’aime son Modigliani, malgré ses humeurs, ses décadences, sa pauvreté, son égo, et maitresses.
S’il n’y a pas de meilleur livre au monde, ce qui serait prétentieux, il y a des livres qui nous exposent corps et âmes, et auxquels on ne peut que se livrer.