Est-ce enfin l’aboutissement de plusieurs décennies de lutte contre le tabagisme ? Nous sommes en tout cas en droit de le penser au vu des chiffres dithyrambiques publiés par Santé publique France. En effet, le baromètre annuel du tabagisme montre un recul historique sur 5 ans (de 2014 à 2019), estimé à plus de 16 %. Le fait de fumer serait-il devenu ringard ? Les Français se sont-ils soudain épris de leur état de santé ? On fait le point.
La hausse des prix, un facteur décisif
Certains paquets de cigarettes ont vu leur prix augmenter le 1er juillet 2020… alimentant une séquence effrénée qui s’est accélérée en 2017. Par exemple, les paquets de 20 cigarettes des marques Camel, Elixyr, Fortuna et Winston sont passés de 9,50 à 9,60 €.
Le prix du tabac à rouler connait lui aussi une tendance haussière, la dernière augmentation s’étant produite en mars 2020 (un euro en plus pour le conditionnement de 30 grammes). Dans un contexte marqué par une conjoncture économique incertaine, les Français n’ont jamais été aussi inquiets pour leur pouvoir d’achat.
Rappelons que le ministère des Solidarités et de la Santé s’était fixé pour objectif de porter progressivement le prix du paquet de cigarettes à 10 € d’ici la fin de l’année. L’argument économique a sans doute été décisif dans le recul du tabagisme dans l’Hexagone.
Des campagnes de sensibilisation plus offensives
Avec l’entrée en vigueur de la loi dite du « paquet neutre », l’augmentation de la taille de la police des messages d’avertissement sur les paquets, le recours à des photos chocs depuis 2017 et la participation de personnalités très en vue dans la lutte contre le tabagisme, les campagnes de prévention et de sensibilisation semblent porter leurs fruits.
L’initiative « Tabac Info Service » a par exemple remporté un succès inattendu auprès des fumeurs. Lancée par le Haut conseil de la santé publique, elle met à la disposition des fumeurs un tabacologue qui, via une série d’entretiens, accompagne le fumeur dans la voie du sevrage tabagique, gratuitement.
Ce coaching à distance a déjà permis à des milliers de fumeurs d’arrêter. Selon le Haut conseil de la santé publique, 27 % des fumeurs ayant appelé le 3989 (appel non surtaxé, du lundi au samedi de 8h à 20h) ont arrêté la cigarette dans les trois mois. Une application (Android et iOS) est à la disposition des fumeurs qui souhaitent s’engager dans la voie du sevrage.
Des alternatives toujours plus performantes…
…mais aussi moins chères. Après les patchs et les gommes à la nicotine, c’est la cigarette électronique qui s’impose désormais à l’avant-garde des outils mis à la disposition des fumeurs pour arrêter la cigarette. « Comme le Haut conseil de la santé publique, nous considérons que la cigarette électronique peut être un outil pour arrêter de fumer », explique Olivier Smadja, responsable de Tabac Info Service.
Si elle contient toujours de la nicotine (à moins d’opter pour un e-liquide à 0 %), la cigarette électronique épargne au vapoteur plus d’une centaine de substances toxiques que l’on retrouve dans la cigarette classique, comme le goudron notamment.
D’autres alternatives peuvent accompagner le fumeur dans sa quête d’une meilleure santé, comme les thérapies cognitivo-comportementales et les substituts nicotiniques.
